Séance mensuelle du samedi 20 janvier 2024,
aux Archives départementales du Jura à Montmorot, à 15 heures
Le risque d’incendie à Lons-le-Saunier (1789-1830)
par Jean-Philippe Huelin
Lons-le-Saunier a été durement touchée au cours des XVIe et XVIIe siècles par des incendies qui ont ravagé la ville. Aussi, dès le milieu du XVIIIe siècle, à l’initiative de l’intendant, des premières mesures sont prises avec la nomination de garde-feux et l’achat d’un équipement mieux à même de faire face à ce type de catastrophe.
Délaissé pendant la Révolution, le service local de prévention et de lutte contre les incendies se met progressivement en place durant l’Empire. En 1811, la compagnie des sapeurs-pompiers est créée. À elle, conjointement avec les élus et le commissaire de police, de mener chaque année les visites dans chaque domicile afin de faire appliquer la réglementation sur les cheminées et les fours puis sur les forges et autres instruments nécessitant la maitrise du feu.
Cette intense politique de prévention évite à la ville de connaître de nouvelles catastrophes liées au feu ; les anciennes constructions en bois sont irrémédiablement détruites, la tuile remplace les tavaillons. Pour autant, les habitants manifestent leur solidarité à l’échelle départementale en secourant les communes comme Champagnole, Saint-Claude ou Salins qui sont en grande partie détruites par de gigantesques incendies pendant cette période.
Des nobles déclassés, de Dole à Alger et de Salins à Porrentruy (1790-1914)
par Claude-Isabelle BRELOT
Le déclassement ne laisse que peu de traces archivistiques : il génère la honte sociale. Mais la numérisation des archives publiques et des bibliothèques permet maintenant aux historiens de suivre à la trace ceux et celles qu’il disperse à travers la France et les pays voisins. C’est ainsi qu’a été complétée l’histoire d’une famille de Salins, d’ancienne noblesse et de belle fortune à la fin de l’Ancien Régime – histoire déjà partiellement présentée à la Société d’émulation du Jura en 2011.
Une fille qui meurt à Brest en 1879. Son père achète une concession en Algérie et y meurt endetté en 1852. Une autre fille, mère célibataire, décède colporteuse en Haute-Saône en 1863. Un cousin, sur lequel reposent tous les espoirs de la lignée, termine sa vie en Suisse en 1878 dans la réprobation de son milieu… Le déclassement, financier et moral, est définitif en deux générations.
Des cousins au 7ème degré, quant à eux, s’efforcent de tenir leur rang, soit par de belles alliances en Franche-Comté, soit par le service militaire, soit par le départ à l’étranger et le travail salarié. Des indices – ténus mais réels – de compassion sont repérés : ils affirment la solidarité d’un lignage attaché à l’honneur de son nom – solidarité toutefois impuissante face à l’étendue du scandale et de l’effacement social.
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Séance du samedi 16 décembre 2023, à 15 heures, à Dole, à l’hôtel de ville, salle Edgar Faure
Crissey, un village à l’arrière du front en 1914-1918
par Jean-Claude Charnoz
Avant les travaux de transformation du bâtiment de l’ex mairie-école de la commune de Crissey, en deux logements locatifs, le maire, Monsieur Gérard Chauchefoin, a sollicité Jean-Claude Charnoz pour deux séances de « fouilles » (mars 2021 et août 2021) en vue d’une « exhumation fort poussiéreuse », mais oh combien riche de véritables « pépites » archivistiques, concernant, entre autres, la période de la Guerre de 1914-1918 !
Ces nombreux documents, dont certains représentent de véritables scoops pour des thèmes non abordés, tant au niveau national que local, ont servi de base pour cette conférence, qui abordera les thèmes suivants :
Les préparatifs militaires (1900-1913)
Les premiers jours de la guerre de 1914-1918,
La gestion des réfugiés à Crissey,
Les mesures de l’État durant le conflit,
Les habitants de Crissey et les actions de secours et de solidarité,
Un capitaine aviateur à Crissey,
Les réquisitions alimentaires pour l’Armée,
Les réquisitions de bétail et de chevaux,
Les réquisitions de voitures hippomobiles,
Le manque de céréales et la pénurie de pain,
La pénurie de sucre,
Les taxations sur les denrées : beurre, lait et fromage,
Les réquisitions de pommes de terre,
Les réquisitions d’avoine,
Les réquisitions de paille et de foin,
D’autres réquisitions ou restrictions diverses,
La main-d’œuvre scolaire,
La grippe espagnole (1918-1919),
La fin des restrictions,
Le monument aux morts de Crissey.
L’amiral Jean de Vienne et le prieuré de Mont-Roland : une controverse historiographique au XIXe siècle
par Laurent Olivier*[i]
Le fonds de la bibliothèque municipale de Dole conserve la trace d’un manuscrit de Jean-Joseph Pallu publié en 1846, dans lequel le célèbre bibliothécaire fait état des résultats d’une courte recherche qu’il a menée autour de la fondation du prieuré de Mont-Roland (Jura). Dans sa remise en cause systématique des origines du lieu, il affirme notamment que la statue colossale qui ornait l’église et que la tradition attribuait à Roland, neveu de Charlemagne et fondateur du prieuré, serait en fait celle de l’amiral Jean de Vienne, Comtois qui s’est illustré au côté des princes Valois de la seconde moitié du XIVe siècle. Si les soutiens sont nombreux parmi les confrères de l’érudit, d’autres n’hésitent pas à faire part de leurs doutes, voire de leur consternation à la lecture de certaines affirmations. Malgré les invitations à reprendre certains points de son argumentation, Pallu laisse son travail en l’état et des questions pourtant essentielles restent béantes. De nouvelles recherches sur le parcours de Jean de Vienne offrent aujourd’hui l’opportunité de rouvrir ce dossier, afin certes de tenter de parachever sa critique, mais surtout de savoir si le colosse serait bel et bien l’amiral et, in fine, de comprendre les raisons qui auraient conduit ce grand officier à figurer dans le prieuré du bassin dolois. Dès lors, l’enquête va nous conduire à des allers-retours entre plusieurs périodes (XIVe et XVe siècles, début du XVIe siècle, milieu du XIXe siècle), en nous faisant tout d’abord partir à la recherche de la fameuse statue qui aurait orné les églises successives de Mont-Roland, pour ensuite revenir sur la figure de Jean de Vienne et sur les légendes qui circulaient à la fin du Moyen Age au sujet de son lignage et du preux Roland, à Dole et à Mont-Roland. Enfin, nous reviendrons sur l’action de Jean de Coigney, prieur au milieu du XVe siècle, qui fit preuve d’une belle créativité pour relancer l’attractivité de son église, quitte à prendre des distances avec l’histoire. Le terme de cette pérégrination historique permettra-t-il de confirmer l’intuition de Pallu ?
Illustration : « Ruines du clocher de l’église de Mont-Roland, Franche-Comté » lithographie de Godefroy Engelmann, dans Nodier (Charles), Taylor (Justine) Cailleux (de) (Alphonse), Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Franche-Comté, Paris, 1825, p. 32, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FOL-UB-18.
* Docteur en histoire, chercheur associé Centre Lucien Febvre, EA 2273, Université de Franche-Comté
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Excursion du samedi 22 juillet 2023 à 14 heures 30, à Saint-Lamain
14 h 30 : visite du Château de La Sauge, reconstruit en 1530 par les Visemal, propriété en 1753 du député du Tiers Etat Bidault, puis de Jarry, baron du Premier Empire, et enfin (1819) de la famille Loiseau
Accueil par M. et Mme Jäger
Interventions de J.-L Mordefroid, J. M. Bonjean, C.-I. Brelot et O. Borgeaud.
16 h 40 : visite de l’église de Saint-Lamain sous la conduite de J. M. Bonjean
Séance mensuelle du 17 juin 2023 à Château Charrin, à Voiteur
Tout d’abord, Stéphane Guyot et Jean-Luc Mordefroid présenteront rapidement le site, surplombant depuis le sud le village et la Seille à l’entrée de la reculée de Baume-les-Messieurs, et le monument. En effet, le collège actuel est logé dans l’ancien château de Charrin, à la tête d’un fief connu depuis 1208 et le plus important du val de Voiteur au XVe siècle. Et, en l’état, l’organisation et l’architecture des lieux suscitent nombre de questions qu’il n’est pas inintéressant de partager.
Le vieux domaine de Château-Charrin, surplombant Voiteur, acquis peu avant la Révolution par la famille Bidot qui y tenait une exploitation viticole, a été cédé en 1844 à la communauté des Ursulines de Desnes. Ces religieuses, vouées à l’éducation des filles, y ont fondé une nouvelle communauté prenant en charge une école primaire gratuite pour les petites files du village et accueillant dans leur pensionnat payant des filles de milieux aisés, un mode d’éducation sur lequel des chercheurs portent aujourd’hui, comme on l’expliquera, un regard plus positif. Cet établissement a prospéré jusqu’au couperet des mesures anti-congrégationnistes de 1904. Les religieuses les plus jeunes ont été contraintes à l’exil, jusqu’à Java. Les plus âgées et malades, séquestrées dans un coin de leur couvent, sont parvenues à résister à l’expulsion. La restauration de la communauté après la guerre de 1914-18 permet une relance de ses activités éducatives, qui s’est malheureusement essoufflée. Le pensionnat est transformé en 1934 en maison de repos pour les Ursulines de la province française, puis durant la dernière guerre en maison de retraite pour des religieuses d’horizons divers. Les dernières ursulines quittent Château-Charrin en 1949.
Les pères de la congrégation missionnaire de ND de la Salette reprennent alors les locaux vacants pour y transférer depuis l’Isère leur école apostolique, formant de la 7e à la première, de jeunes garçons venant de toutes les régions, envisageant d’intégrer la congrégation. La baisse des vocations conduit les pères à transformer progressivement ce juvénat en collège sous contrat avec l’Etat, accueillant des garçons du secteur et puis aussi des filles. Lorsque les pères ont décidé en 1983 d’abandonner la direction de cet établissement, cet ancrage progressif dans le milieu local a permis une mobilisation des parents et des anciens pour assurer la continuité du collège, devenu aujourd’hui un groupe scolaire accueillant environ 300 jeunes, de la maternelle à la 3e. La directrice, Mme Rostollan en donnera quelques précisions en conclusion de cet exposé.
Séance mensuelle du 20 mai2023
Max ANDRÉ,
président de la Société botanique de Franche-Comté,
L’élaboration des vins blancs de garde d’Arbois avant la Révolution française.
Les vins d’Arbois sont parmi les vins les plus réputés du vignoble jurassien et depuis au moins le XIIe siècle. Pour autant, cette notoriété historique est-elle attribuable à l’ancienneté du célèbre vin jaune de voile, élaboré à partir du cépage Savagnin, comme un certain nombre d’auteurs l’évoquent ?
Une étude précise des textes disponibles et notamment de deux textes inédits datant respectivement de 1752 et 1771 permettent de modifier très sensiblement cette vision consistant à assimiler, dans une tradition reconstruite, les vins de garde d’Arbois à des vins jaunes, notamment de voile.
Luc BRIOT,
Déplacements et apparitions publiques de Jules Grévy, Président de la République
La recherche est partie d’un constat. Tous les travaux menés sur la présidence de Grévy affirment qu’il n’a pas voyagé en province. Adrien Dansette dit qu’il était « caché à l’Élysée ». Il a exercé le plus long mandat présidentiel de la Troisième République. Il faut attendre le général de Gaulle en 1967 pour que cette longévité élyséenne soit dépassée. Comment a-t-il occupé sa présidence ?
La problématique des voyages présidentiels a été traitée par les historiens, notamment par Nicolas Mariot (Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, 2006), mais elle débute à la présidence de Sadi Carnot, donc après Jules Grévy. La notion de voyage a été élargie à celle des déplacements. Les archives sur la présidence de Grévy sont très minces.
Les sources de l’étude sont le Fonds Grévy aux archives départementales du Doubs, les archives du Service historique des armées à Vincennes et surtout la presse quotidienne locale et nationale, qui permet de faire un inventaire complet des voyages ainsi que des déplacements dans un espace restreint. Les apparitions publiques désignent essentiellement les déplacements dans Paris
Nous avons cherché à classer les déplacements, de façon à faire revivre des moments de la présidence de Grévy selon une certaine cohérence.