Séance mensuelle du samedi 17 juin 2023 à 15 heures, à VOITEUR
Château-Charrin de Voiteur,
des Ursulines au collège de la Salette, 180 ans d’activités pédagogiques
par Stéphane GUYOT, Jean-Luc MORDEFROID et Vincent Claustre
Tout d’abord, Stéphane Guyot et Jean-Luc Mordefroid présenteront rapidement le site, surplombant depuis le sud le village et la Seille à l’entrée de la reculée de Baume-les-Messieurs, et le monument. En effet, le collège actuel est logé dans l’ancien château de Charrin, à la tête d’un fief connu depuis 1208 et le plus important du val de Voiteur au XVe siècle. Et, en l’état, l’organisation et l’architecture des lieux suscitent nombre de questions qu’il n’est pas inintéressant de partager.
Le vieux domaine de Château-Charrin, surplombant Voiteur, acquis peu avant la Révolution par la famille Bidot qui y tenait une exploitation viticole, a été cédé en 1844 à la communauté des Ursulines de Desnes. Ces religieuses, vouées à l’éducation des filles, y ont fondé une nouvelle communauté prenant en charge une école primaire gratuite pour les petites files du village et accueillant dans leur pensionnat payant des filles de milieux aisés, un mode d’éducation sur lequel des chercheurs portent aujourd’hui, comme on l’expliquera, un regard plus positif. Cet établissement a prospéré jusqu’au couperet des mesures anti-congrégationnistes de 1904. Les religieuses les plus jeunes ont été contraintes à l’exil, jusqu’à Java. Les plus âgées et malades, séquestrées dans un coin de leur couvent, sont parvenues à résister à l’expulsion. La restauration de la communauté après la guerre de 1914-18 permet une relance de ses activités éducatives, qui s’est malheureusement essoufflée. Le pensionnat est transformé en 1934 en maison de repos pour les Ursulines de la province française, puis durant la dernière guerre en maison de retraite pour des religieuses d’horizons divers. Les dernières ursulines quittent Château-Charrin en 1949.
Les pères de la congrégation missionnaire de ND de la Salette reprennent alors les locaux vacants pour y transférer depuis l’Isère leur école apostolique, formant de la 7e à la première, de jeunes garçons venant de toutes les régions, envisageant d’intégrer la congrégation. La baisse des vocations conduit les pères à transformer progressivement ce juvénat en collège sous contrat avec l’Etat, accueillant des garçons du secteur et puis aussi des filles. Lorsque les pères ont décidé en 1983 d’abandonner la direction de cet établissement, cet ancrage progressif dans le milieu local a permis une mobilisation des parents et des anciens pour assurer la continuité du collège, devenu aujourd’hui un groupe scolaire accueillant environ 300 jeunes, de la maternelle à la 3e. La directrice, Mme Rostollan en donnera quelques précisions en conclusion de cet exposé.
Séance mensuelle du 20 mai2023
Max ANDRÉ,
président de la Société botanique de Franche-Comté,
L’élaboration des vins blancs de garde d’Arbois avant la Révolution française.
Les vins d’Arbois sont parmi les vins les plus réputés du vignoble jurassien et depuis au moins le XIIe siècle. Pour autant, cette notoriété historique est-elle attribuable à l’ancienneté du célèbre vin jaune de voile, élaboré à partir du cépage Savagnin, comme un certain nombre d’auteurs l’évoquent ?
Une étude précise des textes disponibles et notamment de deux textes inédits datant respectivement de 1752 et 1771 permettent de modifier très sensiblement cette vision consistant à assimiler, dans une tradition reconstruite, les vins de garde d’Arbois à des vins jaunes, notamment de voile.
Luc BRIOT,
Déplacements et apparitions publiques de Jules Grévy, Président de la République
La recherche est partie d’un constat. Tous les travaux menés sur la présidence de Grévy affirment qu’il n’a pas voyagé en province. Adrien Dansette dit qu’il était « caché à l’Élysée ». Il a exercé le plus long mandat présidentiel de la Troisième République. Il faut attendre le général de Gaulle en 1967 pour que cette longévité élyséenne soit dépassée. Comment a-t-il occupé sa présidence ?
La problématique des voyages présidentiels a été traitée par les historiens, notamment par Nicolas Mariot (Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, 2006), mais elle débute à la présidence de Sadi Carnot, donc après Jules Grévy. La notion de voyage a été élargie à celle des déplacements. Les archives sur la présidence de Grévy sont très minces.
Les sources de l’étude sont le Fonds Grévy aux archives départementales du Doubs, les archives du Service historique des armées à Vincennes et surtout la presse quotidienne locale et nationale, qui permet de faire un inventaire complet des voyages ainsi que des déplacements dans un espace restreint. Les apparitions publiques désignent essentiellement les déplacements dans Paris
Nous avons cherché à classer les déplacements, de façon à faire revivre des moments de la présidence de Grévy selon une certaine cohérence.