Résumé de la prochaine séance

 

La prochaine séance mensuelle aura lieu le samedi 17 mai 2025, à 15 heures, à Moirans-en-Montagne, à la mezzanine de la salle des fêtes. Nous aurons le plaisir d’écouter :

 

Du Jura aux Pyrénées : des tourneurs à la recherche de buis

(milieu du XIXe siècle-XXe siècle) par Eric Fabre,

maître de conférences en écologie et HDR en histoire moderne et contemporaine

La partie orientale du piémont pyrénéen connaît depuis au moins la fin du Moyen Âge une forte production d’objets de bois, utilisant les ressources locales offertes par de belles sapinières, mais aussi de grandes surfaces de buxaie. C’est le buis qui nous intéresse ici, arbre dont la croissance très lente sur les terrains calcaires pré pyrénéens génère un bois très dense au grain remarquablement fin.

La proximité du Languedoc viticole multiplie les robinets pour les foudres et barriques ; la puissance de l’industrie textile stimule la production de peignes à peigner la laine. Ainsi, la zone de transition entre plaine et montagne montre-t-elle plusieurs pôles de tournerie et, plus généralement, de travail du buis. Il est même une petite région, à cheval entre Aude et Ariège d’aujourd’hui, produisant massivement des peignes à cheveux en buis dont les archives attestent d’une exportation européenne et péri-méditerranéenne à l’époque moderne.

Est-il alors étonnant qu’un lien se soit créé entre le Jura du travail du bois et ce piémont pyrénéen? Au milieu du XIXe siècle, des Jurassiens s’installent dans des ateliers hydrauliques mus par des cours d’eau descendant des Pyrénées. Ils profitent en particulier du déclin de l’activité métallurgique : les moteurs à eau n’actionnent plus les marteaux des forges à la catalane, mais mettent maintenant en mouvement des tours qui travaillent le buis.

De jeunes hommes célibataires travaillent sous la houlette d’un patron, qui lui s’est déplacé avec sa famille. Tous sont Jurassiens. Un pécule en poche, certains tourneurs repartent au pays ; d’autres se marient sur place avec une fille occitane. La documentation d’archives montre la diversité des situations. De nouveaux couples restent sur place, au pays de l’épouse, alors que d’autres partent dans le Jura au pays de l’époux.

Certains patrons ne cessent de voyager entre ces deux pôles. Un ouvrier jurassien devient patron d’une nouvelle entreprise pyrénéenne qui existera durant plus d’un siècle. Des mouvements existent ainsi entre ces deux pôles de travail du buis que constituent le Jura et le piémont pyrénéen, dessinant des échanges d’hommes et de techniques.

La conférence présentera ces hommes, leurs déplacements et leurs apports. Elle établira aussi un lien entre buis et bruyère, car l’invention de l’usage de la racine de bruyère pour fabriquer des pipes semble être une conséquence de ces échanges d’hommes, de techniques et de matières.

 

La Grange Gacon, rière Saint-Lupicin, de 1444 à 1944,

et le souvenir de Jean Joseph Alexis David de Saint-Georges

 par Arnaud Vendryes, membre de la SEJ

 

Poursuivant notre enquête sur les granges isolées, nous nous intéressons à la Grange Gacon, dont les ruines sont situées sur la commune de Saint-Lupicin, non loin du Lac d’Antre.

Propriété pendant plusieurs générations des Gacon, une famille notable de Saint-Lupicin, elle fut acquise vers 1590 par Othenin Pariset, procureur à Saint-Claude à l’époque du grand juge Henri Boguet. En 1721, sa lointaine descendante Anne Thérèse Pariset épousa Jean Joseph David, et c’est ainsi que cette grange revint à Jean Joseph Alexis David de Saint-Georges.

C’est sans doute comme propriétaire dans le voisinage que ce dernier, comme ses oncles Dunod avant lui, découvrit dans sa jeunesse le site du Lac d’Antre et c’est sans doute cela qui détermina son intérêt pour l’archéologie et pour le celtisme. Il traduisit en particulier la continuation d’Ossian et L’histoire des druides, du pasteur écossais John Smith. Une partie de ses recherches furent poursuivies après sa mort survenue en 1809 par son ami, l’écrivain Charles Nodier, membre comme lui de l’Académie celtique.

Du fait de son émigration, la Grange Gacon fut vendue comme bien national en l’an II et ses terres furent progressivement éparpillées. La grange elle-même resta pendant un siècle entre les mains d’une famille de Saint-Lupicin avant d’être de nouveau vendue. Elle fut finalement détruite par l’occupant en avril 1944.

Chemin faisant, nous croiserons bien sûr les Dalod et les Lançon, dynasties de grangers issues de Septmoncel, qui exploitèrent cette ferme pendant deux siècles.

 

 

 

La séance est ouverte à toutes les personnes intéressées.