La prochaine séance mensuelle aura lieu le samedi 14juin 2025, à 15 heures, à Arlay, salle des fêtes.
Socialistes et communistes du Congrès de Tours au 27 juillet 1934 par Rémy GAUDILLIER :
L’originalité jurassienne. Au printemps 1916, la fédération prend ses distances avec l’Union Sacrée et 2 sanclaudiens sont présents au congrès de Strasbourg qui décide de quitter la IIe Internationale mais sans adhérer à la IIIe. Au Congrès de Tours, la fédération jurassienne se prononce par 27 mandats (71,1%) pour la motion Longuet, pacifiste et partisane, qui pose de nombreuses conditions pour l’adhésion. L’adhésion à la IIIe l’emporte avec plus des 2/3 des mandats, c’est la fondation de la SFIC; en face, les tendances Longuet et Blum restent unies pour reconstruire « La vieille Maison» alors que le comité fédéral du Jura appelle à l’autonomie pour refonder l’unité et éviter l’impuissance face au patronat. Sur cette base, est fondée l’Union fédérative de l’Est à St-Claude, le15 octobre, par des militants de Côte d’Or, du Doubs, des Vosges, de Saône-et-Loire, de l’Ain. Elle s’élargit à Dijon les 24 et 25 décembre 1922 avec l’Union Fédérative des Travailleurs Socialistes Révolutionnaires: «le phare éclairant et ralliant toutes les consciences ouvrières». L’approche des législatives de 1924 met fin à cette ambition; la SFIC applique strictement les 21 conditions et réorganise le parti sur le modèle bolchevique. Les 14 et 15 juillet 1923 le congrès fédéral de Lons se prononce dans une résolution favorable au Cartel des gauches.
La CGT avec1, 5 million d’adhérents en janvier 1921, se scinde elle aussi. Au Congrès de Lille (25 au 30 juillet 21), 2 blocs s’affrontent: les minoritaires (révolutionnaires), majoritaires chez les Cheminots, obtiennent 1325 voix contre 1572; sur les 32 syndicats jurassiens présents (16 absents) 31 approuvent la motion majoritaire, sauf les cheminots de Dole et Lons.
La scission de fait intervient en septembre. Chez les minoritaires, les partisans de l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge l’emportent à Saint-Étienne lors du premier congrès de la CGTU (28 juin- 1° juillet 1922 ) contre les anarchistes attachés à l’indépendance syndicale.
Bilan difficile en mai 1924. La fédération socialiste du Jura a bien résisté à la poussée communiste, H. Ponard est élu député. Le PC s’attribue 1100 adhérents en octobre 1921 contre 300 en octobre 1920 ; mais les RG peinent à cerner la SFIC, et le sous-préfet de Saint-Claude souligne le climat détestable entre socialistes et SFIC, dont les adhérents se limiteraient à moins de 400 dans l’arrondissement, 700 personnes au maximum et serait « à l’état embryonnaire dans toutes les villes mais manquerait de chefs », selon le commissaire spécial (5/12/24)
Pendant la période 1925-34, relations extrêmement difficiles entre SFIO et SFIC qui se dote d’une direction issue du monde ouvrier, étroitement encadrée par les agents du Kominterm et par le développement de réseaux communistes dans les entreprises, moment fondateur du parti communiste français pour l’historien Julian Mischi. La XXIIème région du PC sous la direction d’A. Langumier, regroupe alors l’Yonne, la Côte d’Or, le Doubs, la Haute- Marne, la Haute- Saône, le Jura, la Saône- et- Loire et le Territoire de Belfort. Après la bolchevisation, le 6ème congrès de l’internationale communiste adopte, en juillet-août 1928, la stratégie «classe contre classe», qui implique une opposition totale à la social-démocratie, soutien des partis bourgeois, opinion partagée aussi par la CGTSR (cf.la grande grève des lunetiers de Morez (23/1 /30 – 18/ 3/30)
Le Jura socialiste évoque les relations difficiles CGT, CGTU, SFIO, SFIC, comme les questions liées aux assurances sociales et à la politique coloniale.
Saint-Claude reste la citadelle du réformisme, mais ses dirigeants veillent à ne pas couper tout lien avec la SFIC. Pour le préfet (1/7/32), les 4 rayons communistes du Jura: Lons, Dole, Arbois, St-Claude ( rattaché à Oyonnax en 1927, il dépend de la région de Lyon) regroupent au total 20 cellules, soit 812 communistes, 1450 sympathisants CGTU-ARAC. Dole est le premier centre: un premier journal d’usine en novembre 1928, un rayon de 264 adhérents, et fort militantisme; A. Barthélémy secrétaire de l’UL unitaire puis du rayon, responsable à l’Etoile Sportive doloise et Lopin, correspondant du SOP, principal fondateur de l’imprimerie coopérative ouvrière en février 1933,animateur de la section du SRI créée en juin 34; tous deux entre 33 et 35, font partie des responsables de la région centre-est du PCF.
La crise de 29 sur l’ensemble du Jura et plus violemment Saint-Claude et la montée du fascisme inquiètent particulièrement les organisations ouvrières. Après le choc des émeutes parisiennes du 6 février 34, les manifestations du 12 février dans les principaux centres témoignent de l’aspiration de la base à l’unité CGT- CGTU, SFIO- SFIC. La fédération jurassienne de la ligue des Droits de l’Homme est à l’origine du comité antifasciste jurassien. La période est paradoxale puisque les attaques contre les réformistes continuent jusqu’au 27 juillet 1934, date du pacte d’unité d’action socialiste-communiste impliquant fin de toute critique réciproque et aide mutuelle face aux Ligues.
La séance est ouverte à toutes les personnes intéressées.